Alors que les tensions commerciales refont surface, les nouvelles politiques tarifaires imposent une pression croissante sur les chaînes d’approvisionnement internationales. Dans une tribune signée Fabienne Cetre, EVP EMEA Sales chez Kinaxis, l’experte souligne combien la prévisibilité – fondement de la supply chain – est ébranlée par les barrières douanières. Hausse des coûts, désorganisation des flux, incertitudes sur les délais : les entreprises doivent réagir vite, souvent au détriment de la rentabilité. Les marchés financiers ont d’ailleurs réagi sans attendre : après les annonces américaines, le Dow Jones, le S&P 500 et le Nasdaq ont affiché des baisses significatives, avec le secteur automobile en première ligne.
L’impact de ces hausses tarifaires se manifeste par une cascade de décisions urgentes. Repenser les sources d’approvisionnement, réorganiser la logistique ou encore adapter les prix finaux deviennent incontournables. En 2018 déjà, les taxes sur l’acier et l’aluminium avaient contraint les industriels à revoir leurs stratégies, avec pour conséquence des surcoûts et des retards. Le secteur des semi-conducteurs en a aussi fait les frais : bien avant la crise de 2020, les tensions sino-américaines avaient déjà déséquilibré les chaînes de production, provoquant une désynchronisation de l’offre et de la demande.
Mais une fois le choc passé, les entreprises parviennent à s’adapter. Selon un rapport du CBO, les effets des hausses tarifaires tendent à se stabiliser en deux ans. Cette résilience repose sur plusieurs leviers : relocalisation partielle, diversification des fournisseurs, recours au nearshoring, et surtout, investissement dans des outils technologiques. L’exemple d’Apple, qui a anticipé en élargissant son réseau de production hors de Chine, démontre qu’il est possible de limiter l’impact des politiques protectionnistes. Dans un contexte mouvant, l’agilité et la planification proactive deviennent des atouts clés pour transformer l’incertitude en opportunité stratégique.