Face à la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur du bâtiment et à l’urgence de sa décarbonation, des chercheurs nantais misent sur la robotisation de l’impression 3D en terre crue. Dès 2017, Élodie Paquet, maîtresse de conférences au LS2N, s’illustre avec le projet YHNOVA, une première mondiale d’habitat social imprimé en 3D. Consciente des limites sanitaires des matériaux utilisés, son équipe s’associe avec celle d’Arnaud Perrot de l’IRDL pour se tourner vers un matériau ancestral et écologique : la terre crue.
Longtemps utilisée en construction traditionnelle, la terre crue retrouve ses lettres de noblesse grâce aux nouvelles technologies. Ce matériau offre une faible énergie grise, une capacité de régulation de l’humidité et une inertie thermique précieuse dans un contexte de réchauffement climatique. Autant de qualités qui en font un allié de taille pour rafraîchir les espaces urbains. C’est dans cet esprit que le projet « SmartAMP », financé par l’ANR, ambitionne d’imprimer des îlots de fraîcheur végétalisés. Ces structures en terre crue régulent naturellement la température et l’humidité, limitant le recours à la climatisation tout en la complétant de manière passive et durable.
Les chercheurs ont souhaité tester leur dispositif dans des conditions réelles. Pour ce faire, ils se sont associés à SAPRENA, une entreprise inclusive qui intervient dans le domaine des espaces verts. Cette collaboration leur a permis de mener une expérimentation concrète. Ensemble, ils ont mis à l’essai un robot mobile, conçu pour être simple d’utilisation. Ce robot possède une fonctionnalité innovante : il peut réaliser des impressions en 3D. L’expérimentation a eu lieu sur l’île de Nantes. La réussite de ce test a ouvert la voie à une démocratisation de cette technologie, avec des formations prévues dès le lycée. En parallèle, une bourse de 5 millions d’euros permettra le recrutement de doctorants pour accélérer la recherche, avec en ligne de mire un bâtiment plus frais, plus sain et plus responsable.