Les chaînes logistiques françaises – Quelles sont leurs faiblesses ?

Les chaînes logistiques françaises – Quelles sont leurs faiblesses ?

Éric Hémar et Patrick Daher – respectivement, président de l’Union TLF et d’ID Logistics et président du groupe spécialisé dans l’aéronautique et la logistique industrielle – ont livré quelques grandes lignes des recommandations du rapport sur la compétitivité des chaînes logistiques en France dont ils ont été chargés.

La France est située à la 16e position dans le dernier indice de performance logistique de la Banque mondiale. Il s’agit d’un indice, réalisé à partir de la perception des acteurs de la supply chain à l’aide d’une série de critères, et qui constitue un excellent point de départ, selon Éric Hémar et Patrick Daher.

Les deux dirigeants, selon la logique de la Banque mondiale, se sont positionnés en tant que client de la chaîne logistique française avec une approche fondée sur les infrastructures de transport. Ils ont ensuite privilégié une démarche de benchmark qui consiste à analyser les maillons lors de l’importation d’un conteneur jusqu’à la livraison finale des produits en Europe depuis la Chine, suivant 3 schémas depuis les Pays-Bas, la France et l’Allemagne.

Sur les lignes entre la Chine, Le Havre, Anvers, Rotterdam ou Hambourg, aucun écart de coût n’est constaté au niveau du maillon maritime ainsi qu’en matière de transit portuaire. Le duo a, toutefois, constaté une inquiétude qui persiste quant à la fiabilité des ports français.

Un écart de coût considérable apparaît sur les posts et pré-acheminements portuaires. Aux Pays-Bas et en Allemagne, 50 % sont massifiés en mode ferroviaire ou fluvial tandis qu’en France, ce taux est de 12 ou 13 % au Havre et à Marseille. Ce qui suppose un renforcement de la massification en France, pour Patrick Daher.

Concernant les traitements et le passage en entrepôt, s’il est possible de comparer le coût entre les 3 chaînes, le duo a révélé que le « net salarié » français est inférieur de 20 %. L’avantage de la France se situe au niveau du loyer moins onéreux, mais la fiscalité, notamment foncière, qui est appliquée à l’immobilier logistique, annihile celui-ci.

Le coût à la distribution finale est, quant à lui, supérieur de 10 à 15 % en France à cause des charges salariales qui pèsent sur les conducteurs.

À partir de ces constats, le duo interpelle l’État afin de réagir rapidement en prenant en considération le développement des chaînes logistiques internationales y compris les nouvelles routes de la soie, l’augmentation de la taille des porte-conteneurs ou le passage maritime par le Nord de l’Arctique.

Les deux dirigeants se sont inspirés des démarches engagées dans le maritime (Comité France Maritime) et dans l’industrie (France Industrie) et recommandent la création d’un Comité France Logistique ou d’une Plateforme. Une structure publique-privée qui serait en charge d’aborder les enjeux stratégiques la chaîne logistique française, à partir de constats partagés qui entravent la compétitivité du secteur.